Dr David Goldbloom : améliorer la santé mentale pour tout un chacun

Pour souligner la 70e Semaine de la santé mentale annuelle qui est célébrée au Canada du 3 au 9 mai 2021, nous avons rencontré le Dr David Goldbloom pour parler de santé mentale et de son nouveau livre, We Can Do Better. Le Dr Goldbloom, un éminent psychiatre, est le conseiller médical principal du Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) de Toronto. Officier de l’Ordre du Canada, il est également expert en la matière de longue date de Bell Cause pour la cause.
Dans le cadre de ses quatre piliers, Bell Cause pour la cause continue d’investir dans des pratiques éprouvées pour faciliter l’accès à des soins en santé mentale, notamment en soutenant le traitement par stimulation magnétique transcrânienne répétée (SMTr) partout au pays et en nouant un partenariat de dix millions de dollars avec la Fondation Graham Boeckh pour accélérer le déploiement de services intégrés pour les jeunes (SIJ). Dans son nouveau livre intitulé We Can Do Better: Urgent Innovations to Improve Mental Health Access and Care, le Dr Goldbloom examine d’importantes questions liées à la santé mentale à l’heure actuelle. Il y souligne des innovations, comme les SIJ et les traitements par SMTr, qui peuvent contribuer à révolutionner et à améliorer les soins en santé mentale pour tous. Nous vous invitons à lire l’entrevue pour en savoir plus sur ce qui a motivé le Dr Goldbloom à écrire son livre ainsi que pour découvrir ses observations sur la santé mentale au Canada.
Qu’est-ce qui vous a inspiré à travailler dans le domaine des soins de santé mentale et quels sont les changements que vous avez constatés au fil du temps en santé mentale au Canada?
Quand j’ai étudié en médecine au siècle dernier, je n’avais pas l’intention de devenir psychiatre. Je voulais devenir médecin, mais je n’avais pas de spécialisation en tête. Toutefois, j’ai été attiré par la complexité des problèmes de nature psychiatrique, l’expérience de la douleur et de son apaisement, la diversité des gens intéressants et bienveillants que j’ai rencontrés, sans oublier cette impression qu’il s’agissait de problèmes importants et qu’ils se devaient d’être traités.
Lorsque j’ai intégré la profession, on n’abordait pas beaucoup la santé mentale, que ce soit au niveau des entreprises, des gouvernements, mais surtout, des personnes. Les gens étaient réticents à demander de l’aide ou à raconter leurs expériences de maladie et de rétablissement. Ce sujet fait maintenant partie d’une conversation très publique à l’échelle nationale. Dans un contexte où nous devons faire face aux ravages de la COVID-19 à de nombreux égards, nous parlons beaucoup plus des conséquences sur la santé mentale que nous ne l’avons fait avec le SRAS, il y a près de 20 ans.
Qu’est-ce qui vous a motivé à écrire We Can Do Better?
Je veux que les lecteurs découvrent les innovations – certaines sont canadiennes – et qu’ils aient de l’espoir. Je veux qu’ils sachent que nous n’avons pas à maintenir le statu quo, qui est de toute façon inacceptable. Par ailleurs, je veux qu’ils aient le sentiment que certaines de ces innovations seront mises en œuvre dans les prochaines années et non dans un avenir lointain. Enfin, je veux situer ces innovations dans un contexte où l’on voit les maladies et les difficultés réelles des patients pour montrer au lecteur comment elles s’illustrent.
L’une des grandes innovations dont vous traitez dans votre livre est l’importance des services intégrés pour les jeunes (SIJ) pour améliorer l’intervention et les soins précoces. Dans quelle mesure avez-vous vu les SIJ changer les choses et quel impact pensez-vous qu’ils puissent avoir dans la transformation des soins de santé mentale pour les jeunes?
Je pense que les SIJ constituent probablement la plus grande transformation à s’opérer dans le paysage de la santé mentale au Canada pour ce qui est de l’organisation des services et l’amélioration de l’accès aux soins. C’est très différent d’attendre quelques heures pour cet important premier contact, comparativement à patienter en moyenne des mois, voire des années, au risque de ne jamais obtenir de rendez-vous. C’est un modèle de soins complètement différent, où les jeunes et les familles sont au cœur de la conception et de la gouvernance. Il se met en place très rapidement partout au pays et témoigne d’un partenariat inédit entre les sphères gouvernementale, scientifique et philanthropique.
Pouvez-vous nommer quelques façons novatrices par lesquelles les organismes ont offert un accès aux soins en santé mentale pendant la crise de la COVID-19?
Le plus grand changement est l’adoption des soins en santé mentale par visioconférence. C‘est un rappel de l’importance de l’accès à une connectivité large bande et à des appareils qui rendent ces soins réellement universels. La santé mentale est sans contredit le domaine de soins de santé le mieux adapté à la visioconférence. C’est le retour technologique des visites à domicile. C’est ce qui nous permet d’aller à la rencontre de nos patients pour leur offrir des services sans qu’ils aient à se déplacer. La disponibilité des applications pour les problèmes en santé mentale et les maladies mentales ainsi que l’utilisation de plateformes Web pour offrir des séances de psychothérapie fondée sur des données probantes offrent une autre façon d’étendre la portée des services de santé mentale.
Que pouvons-nous faire au quotidien pendant cette période éprouvante pour améliorer notre santé mentale et celle des gens qui nous entourent?
La plupart des solutions ne reposent pas entièrement sur la technologie, mais nous sommes chanceux de pouvoir utiliser la technologie pour briser l’isolement. Pour les télétravailleurs, il est important de créer une routine qui comprend des pauses régulières, de l’exercice et du temps à l’extérieur, et de la respecter, puisque les limites entre le travail et la maison n’existent plus. Cela inclut les courriels professionnels que l’on envoie tard le soir! Il est important de modérer sa consommation d’alcool puisque les statistiques démontrent qu’elle a augmenté pendant la crise de la COVID-19. Il faut se rappeler que lorsque l’on parle de « distanciation sociale », on parle plus exactement de « distanciation physique ». Par conséquent, il est essentiel de communiquer avec d’autres personnes tout en restant en sécurité. La technologie nous permet de faire cela. Se sentir utile en aidant les autres est une autre façon d’améliorer son mieux-être pendant cette période d’incertitude. La crise de la COVID-19 ressemble à un ultramarathon (pas que j’aie couru un marathon, je ne pourrais jamais le faire!) dont la ligne d’arrivée n’est pas encore visible.
Le lundi 3 mai, le Dr Goldbloom et sa collègue, Dr Araba Chintoh, psychiatre au CAMH, donneront une conférence RamsayTalk pour parler de la façon dont ces innovations peuvent améliorer le diagnostic et le traitement des maladies mentales. Pour en savoir plus ou pour vous inscrire, cliquez ici. (en anglais)
Pour en savoir plus sur le Dr Goldbloom, vous pouvez lire sa biographie sur notre site Web.
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